Caprivi, chapitre 2

Mercredi 1 septembre: Nous arrivons a Rundu dans l'apres-midi. Pas de publicite mensongere, le Kaisosi River Camp est amenage sur les rives de l'Okavango, si pres que, de la piscine, on a l'impression de se baigner dans le fleuve!
Pas d'hippos ni de crocos pour nous accueillir ici, mais les flots majestueux nous suffisent amplement, d'autant que son nom seul nous enchante! A cette heure de la journee, ses rives bruissent d'activite. en face de nous, des troupeaux de vaches paissent et beuglent, caches dans les hautes herbes et les payrus. des fumerolles de fumee s'elevent aussi ca et la, et les passeurs sillonnent les eaux a bord de leur Mokoro charges de travailleurs...
Alors que les enfants se degourdissent de leur voyage, les papas preparent le bivouac...sur le toit des voitures
Nous allons enfin tester notre nouvelle tente - et celle-ci, on ne risque pas de nous la voler subrepticement pendant la nuit! Grand-Pere et Grand-Mere sont etonnes, et ravis, de la facilite avec laquelle on devient une famille escargot! De quoi reconcilier chacun avec les joies du camping!!!
Premiere soiree de vacances bien agreable: pique nique nocturne, les enfants chassent la pintade et le paon dans le camp, dans l'espoir de recolter quelques plumes, puis, forts de leur polyglottisme, s'en vont lier connaissance avec les enfants de l'emplacement voisin: trois familles allemandes, de retour de deux semaines de divagation dans les parcs du Botswana et de bivouacs parmi les lions, les elephants et les hyenes...on en bave de jalousie! Pendant que les loulous partagent leurs experiences de "safarikids" dans la langue de Goethe, les parents s'interrogent: "Mais depuis combien d'annees vos enfants apprennent-ils l'allemand?" "euh... depuis 8 mois..." Bien sur nous cranons un peu-beaucoup-passionement-a la folie-pas du tout en apprenant que Sten parle un allemand parfait et sans accent et quand on nous confirme que Louis se debrouille plutot bien aussi malgre moins de pratique. Nous sommes tres tres tres fiers de nos petits gars, meme si nous n'avons aucun controle sur leur conversation!!! 

Nous sommes agreablement reveilles a l'aube par le pepiement des oiseaux, le doux chant (!) des paons et des canards sur le fleuve... quel bonheur! Ce dernier est encore plus beau a cette heure, et je surprends un passeur solitaire fendant l'onde dans la lumiere du petit matin: c'est tout simplement beau!
Cependant nous n'avons pas prevu de nous attarder a Rundu, et prenons vite la route suivant le cours du fleuve vers Divundu, porte du Caprivi.

Divundu est une toute petite ville qui s'etend sur la rive droite de l'Okavango, et entre rondavels et cabanes en toles, nous y trouvons le necessaire pour survivre: une superette et une station-service! Les rues sont plutot animees, la vie bat son plein ici aussi: troupeaux et (tres) jeunes pasteurs, femmes de retour du marche ou du point d'eau, coiffees de leur fardeau, hommes rassembles autour des shebeen! Certains hameaux sont construits a quelques metres seulement des berges, offerts aux inondations qui ne doivent pas manquer a la saison des pluies, et, offerts aux machoires puissantes des crocodiles et des hippopotames, de loin en loin des lavandieres sont occupees a rincer leur linge dans le fleuve, pendants que leurs enfants s'y rafraichissent tout en gardant un oeil sur veaux, vaches et chevrettes. Louis s'en emeut d'ailleurs, nous rappelant que les hippopotames sont les animaux causant le plus de morts dans la region (l'animal le plus dangereux d'Afrique, en verite) et que le quotidien relate regulierement des accidents dus aux crocodiles et a l'imprudence des baigneurs... ce sera sans baignade pour nous, donc!
Le long du chemin creux qui nous mene au camp, nous passons devant quelques hameaux retires, et assistons a d'autres scenes moins bucoliques que "Femmes et enfants a la riviere: scenes de la vie quotidienne a Divundu". des bidons de metal rouilles, vieilles casseroles ou boites de conserve sont empilees en bordure de route, non loin des rondavels, et nous ne tardons pas a en comprendre l'utilite. A l'approche des vehicules de touristes, une bande de gamins depenailles accourt. Alors que des garcons tambourinent en rythme sur leurs tam-tam de fortune, des filles se dehanchent, "bercant"ainsi le nouveau-ne qu'elles portent parfois en echarpe, et un autre enfant tend la main... la tentation est grande de nous arreter pour leur donner ce qu'ils attendent de nous en echange de ce concert improvise, quelques dollars namibiens, une poignee de bonbons... mais la vision d' un homme nonchalamment installe a l'ombre d'un arbre, a quelques metres de la, spectateur du "travail" de ses propres rejetons, un autre bebe endormi sur ses genoux, nous en dissuade finalement. Plus tard au camp, un panneau engageant les visiteurs a ne pas encourager la mendicite des enfants nous donnera raison.

Le N'Gepi Camp est un camp communautaire, gere par un jeune couple employant les membres de la communaute alentours, et vendant dans sa boutique l'artisanat des habitants de ce village et le bois que les hommes vont ramasser dans une zone moins sensible (le camp met egalement en garde contre la vente de fagots de bois coupe a la sauvage et en depit de la bonne gestion de l'ecosysteme local. Pousses par le besoin et l'affluence de touristes, les locaux ont tendance a ruiner leur propre environnement, mettant ainsi en peril leur survie dans cette region que les inondations rendent hostile. Tout cela est tres bien explique ici).
Notre emplacement donne sur la berge du fleuve, et nous esperons tous que l'escarpement sera suffisant pour dissuader les monstres marins de venir se dorer la pilule sur notre bivouac! A peine arrives, les enfants courent sur la terrasse sur pilotis de la reception dans l'espoir d'apercevoir un hippopotame. Gagne! Un dos noir apparait regulierement a la surface de l'eau, et bientot ce sont deux minuscules oreilles qui emergent! Il n'en fallait pas plus pour que le N'Gepi Camp gagne leur sympathie... qui ne fait qu'augmenter au fil de notre visite du proprietaire! Tres attires sur le papier par la piscine, les loulous vont finalement declarer forfait en la voyant: le concept est de pouvoir se baigner en toute securite dans le fleuve, dans un grand rectangle metallique equipe d'une solide (on l'espere) cage sous-marine, protegeant le baigneur des grosses betes... la proximite de l'hippopotame a suffisamment impressione les enfants pour qu'ils preferent la douche au bain! D'ailleurs les douches sont tellement pittoresques qu'on y passerait bien la journee... A ciel ouvert, elles sont montes ca et la dans le camp sur des souches ou des troncs morts, palissees de chaume et tres joliment ornees de plantes tropicales! On a l'impression de se doucher dans la jungle, et meme les toiles d'araignee jouent parfaitement le jeu (on n'a pas croise leurs hotesses, bien heureusement!). idem pour les toilettes, toutes plus originales les unes que les autres!


MAHANGO GAME PARK
L'apres-midi, nous repartons en direction du mahango Game park, a quelques kilometres de la, en direction du Botswana. C'est une petite reserve (~30 000 ha) tres peu frequentee, mais neanmoins tres jolie! La femme militaire a l'entree nous encourage a suivre la piste qui longe le fleuve, plus pittoresque et propice a l'observation des animaux que celle qui traverse les terres, bien trop "bushy". Nous ecoutons son conseil et entamons notre mini'safari, sur une piste parfois cahoteuse, parfois plus sablonneuse, selon qu'elle s'approche ou non des rives du fleuve. Les koudous sont tres nombreux, et tres farouches! (nous sommes loin d'Etosha, ou les animaux ont semble-t-il integre les vehicules dans leur environnement familier, et oublient de detaler au moindre bruit de moteur). Nous rencontrons aussi nos premiers specimens de baobabs,  parfois tres abimes par le passage des elephants, qui aiment semblet-il a s'y frotter le cuir et s'y aiguiser les defenses!
  Au bord de l'eau , les impalas sont legions, mais nous tarderons a les identifier comme tels, tant est grand notre desir de reperer Red Lechwe, Cobes des roseaux et autres antilopes aquatiques! De plus, ce sont des impalas "communs", et non a face noire, comme nous en avons vus jusqu'a present, mais ils sont tout aussi gracieux et elegants! En descendant sur une petite "plage", nous entendons les hippopotames avant de les voir: grognements, bruits d'eau, il faut bien observer le marecage pour reperer l'enorme mammifere, car il s'immerge completement! C'est Grand-Mere finalement qui le surprendra, juste une gueule beante qui emerge de l'eau! Son compagnon, un peu plus loin, peine a se dissimuler aussi bien...
Les crocodiles quant a eux se font discrets. il est difficile de les reperer, tant sur les bancs marecageux, trop bien camoufles, que dans l'eau, ou ils se confondent si aisement avec le bois flotte! Nous en avons peut-etre croise beaucoup sans les voir, et nous restons vigilants lorsque nous descendons de voiture! Nous restons alors de longs moments a nous delecter du panorama, tout en essayant d'identifier les divers oiseaux presents...

Maitre Fish Eagle, dans son arbre perche...

C'est en une de ces occasions que nous apercevons les antilopes tant convoitees, Red Lechwe ou Cobe des roseaux, le doute subsiste encore aujourd'hui... Ni l'une ni l'autre ne daignera nous montrer le bout de son nez pour faciliter l'identification, mais cela prouve que nous avons su rester discrets... 
Jean-Marc desespere de croiser les lions, pourtant presents eux aussi dans le parc, mais tres sauvages! Quant a Grand-Pere et Grand-Mere, ils attendent avec impatience - et apprehension- leur rencontre avec les elephants! Ils sont en general presents aux abords du fleuve en fin de journee, et on peut alors assister aux bains et jeux aquatiques des plus jeunes, voire a la traversee du fleuve du troupeau, mais nous avons rate, ou l'heure, ou le lieu du rendez-vous!
Au detour de la piste cependant, alors que nous remontons sur la route principale, nous tombons presque nez a nez avec deux d'entre eux, en plein festin de palmes! La rencontre est toujours aussi impressionnante! Ces animaux sont si gigantesques, majestueux... et hautains! Impassibles, oreilles battantes, surs de leur force, ils poursuivent leur route sans nous accorder la moindre attention, et on ne peut que leur ceder humblement le passage!
En route vers le point d'eau, plus loin dans les terres, ce sont une antilope Sable, ou Hippotrague noir et une Antilope Rouanne - ou antilope cheval- qui nous font la surprise de se montrer! C'est la premiere fois que nous les observons dans leur habitat naturel. Les enfants sont ravis, deux nouveaux animaux a cocher dans leur bestiaire namibien!
Il est presque temps deja de quitter la reserve quand nous atteignons le point d'eau, ou un petit groupe d'elephants acheve de s'abreuver, comme s'ils nous avaient attendus! Ils sont splendides dans la lumiere du couchant...

Comments

[Helene]

Merci merci!... mais de la a ecrire un livre, il y a de la marge!!! cela dit, revenez quand vous voulez, c'etait tellement chouette de vous avoir!

[josiane]

superbes images et toujours autant de plaisir à te lire (A quand ton premier bouquin??) je crois que j'ai déjà envie de revenir en Namibie d'autant que je suis en train de lire les aventures de Solène Bardet chez les Himbas...bises

[Tataude]

epoustouflant ...