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Talking about Namibia...
3 octobre 2010

Caprivi

Rappelez-vous, "aujourd'hui, cap au Nord!"

Okahandja, Otjiwarongo, Otavi, Grootfontein, Rundu: voici notre itineraire de la journee pour atteindre le septentrion namibien, sur les rives du fleuve Kavango (le Cubango en Angola, et le fameux Okavango au Botswana, c'est le meme!), frontiere naturelle avec l'Angola sur quelques centaines de kilometres. La carte nous annonce 716 kilometres...
Nous profitons des premieres heures du jour, les animaux n'ont pas encore rejoint l'ombre precieuse du bush! Un Kudu par-ci, un oryx par-la, des damara dik-dik (qui n'ont pas encore compris qu'ils etaient du mauvais cote de la cloture, et qu'une voiture lancee a vive allure n'etait guere plus sentimentale qu'un leopard affame), et des phacocheres entraines aux sports de l'extreme: meme pas cap de traverser devant la voiture la-bas! On parie 10 truffes du Kalahari que si... A Grand-Pere et Jean-Marc de slalomer entre les kamikazes!

Kilometre 100: on est bientot arrives? Non, seulement cet apres-midi!
Kilometre 150: et c'est bientot l'apres-midi?
Kilometre 200: et la, ca y est, C'est Rundu?
et bis, et ter, et etc...
Et oui, il fait trop chaud, on ne peut plus compter les animaux!
Grand-mere, bien plus sage et patiente dans la jojomobile, photographie le paysage (nous, nous sommes un peu blases!).

Le chemin est balise par les quelques agglomerations traversees, entre des kilometres de route droite, bordee de clotures, sans ame qui vive a l'horizon!
Dans la region d'Otavi, ~360 km au nord de Windhoek, nous entrons dans un veritable oasis. Le paysage est soudainement plus vert, les jardins garnis de palmiers, de bougainvillers croulant sous les fleurs et de belles pelouses. Nous sommes surpris par les champs verdoyants en bordure de route, copieusement arroses, et disons au revoir a la Nambie aride. Otavi est l'une des pointes du Triangle minier, ou Triangle du Mais (Otavi-Tsumeb-Grootfontein), longtemps la region la plus riche du pays de par la fertilite de ses terres et la richesse de son sous-sol et de ses roches (extraction de cuivre et de mineraux associes). DSC_0010Dejeuner en-route...
En route jusqu'a Grootfontein apparaissent les premiers palmiers makalani, arbres typiques du nord du pays. pouvant atteindre 20m de hauteur, on ne peut bien sur pas les rater, et ils sont pour nous le signe que nous sommes bientot arrives!!! Ces immenses palmiers sont de multiple usage pour les artisans locaux: les fibres des palmes sont prelevees, teintees et tressees en paniers tandis que leurs fruits, les noix de makalani, ou ivoire vegetal, sont utilisees pour la confection de petits objets de decoration, de boutons, de bijoux...et de porte-cles!!!! 
A mi-chemin entre Grootfontein et Rundu, nous franchissons la barriere sanitaire. Erigee en 1876 pour faire barriere a une epidemie de peste  bovine sevissant dans le tiers nord du pays, elle le coupe d'ouest en est et separe ainsi les grands elevages commerciaux du centre de la Namibie des elevages communautaires du nord. Ces derniers n'ont donc pas acces a l'exportation dans le reste du pays ou a l'international. Pendant la periode de l'apartheid, cette barriere servait aussi a confiner les Ovambos dans le nord du pays; seuls les Ovambos munis d'un permis de travail etaient autorises a franchir les postes de controle. Mais tout autant qu'une frontiere sanitaire, cette "ligne rouge" est une frontiere sociale et "paysagere". 100 metres a peine apres avoir franchi le poste de police, nous pensons avoir change de pays! Plus de clotures electrifiees le long de la route, mais des clos de branchage savamment tresses delimitant de petites parcelles a la terre fraichement retournee... et surtout, inedit pour nous encore , des habitations, des villages entiers, des troupeaux de vaches et de chevres paturant (enfin, bushant...) librement, et des gens... beaucoup de gens, vaquant a leurs occupations dans ou aux alentours des villages ou marchant en bord de route. Alors c'est la qu'ils sont, les Namibiens!!!
Et le voyage commence enfin!

Les villages de rondavels s'etalent de part et d'autre de la B1 P1020981, plus ou moins etendus. Les rondavels sont faits de terre ou de pierres seches, toujours au toit de chaume, et dans les plus grands villages ils cotoient parfois quelques cabanes en toles: le cuca shop, l'epicerie locale ou le shebeen, apparemment debit de boisson-bar de nuit-dancingP1020789. De loin en loin, nous voyons des batiments "en dur": une ecole, un hospice ou une eglise. Certains villages sont entierement clos, caches derriere des palissades de bois ou de chaumes, d'autres semblent s'etaler de facon plus libre autour d'un "noyau" palisse: peut-etre des faubourgs?  Au fil des kilometres , nous tentons d'en deviner l'organisation: le puits, plus loin, perche sur des pilotis, probablement le grenier, couverte d'un toit de chaumes et ouverte sur au moins deux cotes, l'agora locale, abritant apparemment un foyer et souvent aussi une petite assemblee papotante. Du linge multicolore seche sur les palissades, des anciens se reposent a l'ombre des arbres, des meres discutent, reunies sur des chaises en plastique au bord de la route, des enfants jouent au foot en plein soleil de midi, d'autres suivent de loin leur troupeau divagant (parfois au peril de leur vie, puisqu'il apparait qu'ici le betail est proritaire sur les vehiciles motorises, meme sur une route limitee a 120 km/h). L'artisanat local s'expose lui aussi en bord de route: bois  sculptes, vannerie, poteries, pirogues de toutes tailles (appelees ici Mokoro) et avoisine les vendeurs de chaume.  Nous nous plaisons a admirer les silhouettes de femmes ondoyant dans leur pagne colore, un cabas en equilibre sur la tete, un nourrisson endormi dans le dos...P1020790 (pas toujours facile de prendre une photo a travers le pare-brise!)on se croirait dans une carte postale! On revit a traverser cette region fourmillante, le Kavango, du meme nom que le fleuve qui l'abreuve!
Tres vite, l'habitat se densifie, s'intensifie, ce sont a present de veritables quartiers qui bordent la route. Les rondavels cedent la place aux cabanes de toles, les publicites apparaissent a grands coup de peinture sur les facades des shebeen; ici le bleu criard de MTC (l'operateur de telephonie mobile local), le bordeaux de la TAFEL Lager ou le vert de la WINDHOEK Lager... (et par un honteux raccourci, on aura presque fait le tour de l'activite quotidienne de nombreux habitants des lieux: telephone en main, accoude au comptoir.) Des echopes de fruits et legumes surgissent aussi de loin en loin, puis un marche aux chiffons: des tas de vetements en vrac sur une grande bache a meme le sol, quelques pieces de tissu bariole... Nous arrivons dans les faubourgs de Rundu, depaysement garanti par rapport aux autres villes  namibiennes traversees jusqu'ici! La station essence grouille de monde, des locaux en partance pour leur ville de travail plus au sud, ou au contraire de retour de Windhoek ou d'une autre "grande" ville outre-ligne sanitaire, des sacs debordants de provisions (enfin, je suppose...).

Plus que quelques kilometres de piste, a rouler dans le sable blanc des rives du fleuve Kavango,P1020805  avant de rejoindre notre etape du jour, le camping du Kaisosi River Lodge.

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Commentaires
S
Comme j'aurais aimé venir avec vous !!<br /> Tes descriptions sont sensationnelles, c'est un régal de te lire, on s'y croirait presque. <br /> Je t'embrasse hyper fort.<br /> ISA
G
Eh bien, à lire tout ça, moi, je suis traversée de grandes bouffées de nostalgie!<br /> <br /> Et puis, sous le radieux soleil de Plougastel (si,si!!!) mon esprit part en vagabondage sur la piste sableuse! tout juste si la poussière ne me gratouille pas le gorge!<br /> Que c'était bien!!!.... c'est quand qu'on y retourne?
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